Dédié à l’amélioration du lien entre les universités et le monde du travail, le coup d’envoi de CONECTE a été donné durant une réunion virtuelle rassemblant 116 personnes le 30 mars. Co-financé par le programme Erasmus+ de l’Union européenne avec un budget de 932 641,67 euros et coordonné par l’USJ, ce projet prometteur en temps de crise aiguë vise à soutenir l’employabilité des diplômés grâce à l’amélioration du système d’information sur le marché de l’emploi et au développement d’un mécanisme innovant d’offre de formations en lignes et par les situations de travail, en ciblant les compétences attendues par le marché.
Dans le contexte de la triple crise économique, politique et sanitaire que connait le Liban, le projet européen CONECTE propose des solutions innovantes pour soutenir le secteur éducatif en général et les universités libanaises en particulier dans leur transition vers le numérique et dans l’adaptation de leurs offres de formation aux défis des métiers d’avenir.
Coordonné par l’USJ et sa Faculté de sciences économiques conduite par Nizar Hariri et sa Faculté des sciences de l’éducation, CONECTE est un projet à financement européen (dans le cadre du programme Erasmus+ Capacity Building in Higher Education), avec un budget de 932 641,67 euros.
C’est sur invitation du Recteur de l’Université Saint-Joseph, le professeur Salim Daccache s.j, et en sa présence que la réunion de lancement s’est tenue sur la plateforme Zoom durant plus de deux heures riches en informations et en partages qui a rassemblé le consortium du projet comprenant 6 partenaires libanais : le CNAM-Liban, l’Université Islamique du Liban, l’Université Jinan, l’Institut des Finances Basil Fuleihan, la Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture de Beyrouth et du Mont-Liban et la Direction générale de l’Enseignement Supérieur ainsi que 3 partenaires européens, le CNAM (France), l’Université de Mons (Belgique), et l’Institute for Advanced Studies (Autriche) ; et un partenaire international, l'Agence Universitaire de la Francophonie.
CONECTE permettra de ne pas sacrifier la qualité de l’enseignement au Liban
Après avoir souhaité la bienvenue à tous les partenaires et participants, le Recteur de l’USJ, Pr Salim Daccache s.j. a estimé que le milieu académique au Liban a « grand besoin de ce type de projet, non pas au niveau de l’acquisition d’un passeport pour le marché du travail, car les universités sont en train d’assurer la qualité des diplômes, mais il est évident qu’il y a une situation économique, financière et sociale très difficile, et ce projet est important pour connecter les étudiants avec le monde du travail ». Il a ensuite chaleureusement salué le partenariat avec l’Union européenne qui finance CONECTE.
« Il est primordial dans la situation de crise actuelle qui est sans précédent de donner des opportunités de réussite à nos jeunes en ciblant les besoins du marché du travail » a affirmé à son tour, le directeur général du ministère libanais de l’Éducation et de l’Enseignement Supérieur, Fadi Yarak. « Notre devoir est de mettre à leur disposition dans les écoles et les universités tous les outils et les moyens d’y arriver, plateforme du numérique, nouvelles méthodes et ressources permettant l’entrée de chacun et chacune dans les industries du numérique qui sont les métiers de l’avenir », a-t-il ajouté. Fadi Yarak a aussi « remercié Erasmus et l’UE pour cette initiative et l’USJ qui poursuit les projets innovateurs en dépit de tout ».
Pour le président par intérim de l’Institut des Finances Basil Fuleihan, Ghassan Zeenny, malgré les crises « multidimensionnelles » que traverse le pays, CONECTE a pu voir le jour en proposant des solutions innovantes pour répondre aux défis des métiers du numérique. Il cite 3 piliers : « politique publique, synergie d’acteurs internationaux et locaux et les hommes et femmes ».
Le Coordinateur national du bureau Erasmus +, Aref Alsoufi a rappelé que le projet a été sélectionné en 2019 et que le retard de son lancement public est dû aux raisons de crise que nous connaissons tous. « Ce projet progresse dans un esprit de coopération entre partenaires libanais et européens et ce malgré la crise économique qui a pesé sur son implantation mais aussi le fait qu’aucune solution politique n’ait été trouvée jusqu’à ce jour » a-t-il expliqué. Pour ce dernier ce qui rend CONECTE plus « crédible et structurel » c’est le fait que la Chambre de commerce de Beyrouth et du Mt-Liban et l’Institut Basil Fuleihan y soient partie prenante. Aref Alsoufi a aussi souligné « les objectifs à long-terme de ce projet d’où le rôle important du ministère libanais de l’Éducation et de l’Enseignement Supérieur ». Il a toutefois mis en garde contre les risques du « contexte exceptionnel du Liban ».
Pour le directeur régional Moyen-Orient de l’Agence Universitaire de la Francophonie, Jean-Noël Baléo, CONECTE permettra de ne pas sacrifier la qualité de l’enseignement quel que soit le paysage libanais. « Favoriser la qualité passe par l’adéquation du marché de l’emploi et par la formation par alternance » a-t-il aussi notamment défendu. Il a aussi évoqué l’importance du projet « car ses objectifs coïncident avec les orientations stratégiques majeurs de l’AUF, et qu’il développe une politique partenariale cohérente avec le monde académique et les partenaires socio-professionnels ».
C’était ensuite au tour du directeur général de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Beyrouth et du Mont-Liban, Rabih Sabra de saluer les efforts de l’USJ et de tous les partenaires qui ont permis la mise en place du projet afin d’accompagner les jeunes libanais dans ce contexte difficile. Il a ensuite présenté un aperçu animé de la Chambre de Beyrouth et du Mont-Liban ainsi que les services et activités liées à ses diverses initiatives dont CONECTE, qui concernent la formation des jeunes et le renforcement des capacités, initiatives renforcées ces deux dernières années dans cette conjoncture de crise.
Présentation et axes du projet
Nizar Hariri, professeur associé à la Faculté des sciences économiques de l’USJ a présenté le projet « cofinancé par le programme Erasmus+ avec un budget de plus de 932,000 euros, dont le but est de réduire l’écart entre les compétences acquises à l’université et celles attendues par les mondes professionnels et les entreprises. D’où la nécessité d’identifier les besoins actuels et futurs du marché du travail et de l’emploi, et d’ajuster et compléter les formations universitaires pour assurer des profils de sortie en adéquation avec les compétences attendues. Le projet offre, à cet effet, des solutions axées sur une offre de formation innovante axée sur les cours en ligne et l’éducation par le travail et dans les situations professionnelles. »
«Ainsi, poursuit Nizar Hariri, malgré les incertitudes et les contraintes liés à la pandémie, le projet a réussi à mettre en place un modèle prévisionnel, premier en son genre, qui permet d’anticiper les tendances du marché du travail et de l’emploi libanais. Coordonnées par l’Institute for Advanced Studies de Vienne, des formations ont déjà été organisées pour former des experts libanais à ces méthodes d’anticipation et à l’utilisation du logiciel R-studio, un outil gratuit et performant qui apporte de multiples solutions à nos structures de recherche. Ces formations se poursuivront durant l’année 2021 ».
«De même, des formations dédiées à la création et l’usage d’environnement d’apprentissage virtuel ont été assurées par l’Université de Mons.(...) Enfin, des ateliers de réflexion sur la formation par les situation du travail et sur le modèle français de l’alternance ont été entamées avec le Cnam (France et Liban) en attendant de pouvoir assurer des ateliers (sur site) pour la professionalisation des acteurs de la formation. »
Sylvie Devigne, responsable projets - Université Islamique du Liban, a présenté de son côté, les activités qui sont liées directement aux objectifs du projet : « Connaître le marché du travail au Liban, identifier les compétences attendues par les entreprises, former aux compétences attendues, évaluer les compétences acquises, notamment en innovant c'est-à-dire en s'appuyant sur l'entreprise pour cette évaluation, et réseauter pour s'inscrire dans un écosystème afin de mobiliser tous les acteurs. »
Dans la deuxième partie de la réunion virtuelle, les axes du projet ont été développé : Le développement d’un modèle de prévision pour le marché de l’emploi au Liban, par Eva Maria Liebmann-Pesendorfe (directrice du Institute for Advanced Studies – Autriche), Environnement d’apprentissage virtuel par Joumana Younis (Doyenne de la Faculté de gestion - Université Jinan – Liban) et Sarah Descamps (coordinatrice de projet - Université de Mons – Belgique), Alternance et formation par le travail par Sanaa Hajj Safa (chef de département Économie et gestion - Conservatoire National des Arts et Métiers – Liban) et Anne Bonnefoy (directrice du Centre de Formation des Apprentis - Conservatoire National des Arts et Métiers – Liban – Paris), et finalement, réseautage et liens entreprises-universités par Mireille El-Rayess (responsable de projet – Direction Régionale Moyen Orient de l’AUF).